Le souffle et la mesure

Le souffle et la mesure

(숨결과 균형) — La danse traditionnelle coréenne, entre rite, satire et scène

De la géométrie implacable des rituels confucéens aux éventails en fleur qui ondulent sur scène, la danse coréenne se tient à la jointure du sacré et du profane. Elle épouse la respiration de la musique traditionnelle (gugak), s’ancre dans des siècles de transmission, et raconte—par le masque, la manche et le rythme—une société tout entière.

Par Koreance • mis à jour le 2025-08-10

Un art né de deux matrices : la cour et le village

Dans la Corée des dynasties Goryeo puis Joseon, la cour codifie un langage chorégraphique où l’ordre moral se danse. C’est l’ilmu : formations carrées, gestes ritualisés, deux volets—munmu (civil) et mumu (martial)—exécutés lors du grand rite ancestral au sanctuaire royal de Jongmyo.

Au-delà des palais, la pulsation populaire bat son plein : cérémonies chamaniques, fêtes saisonnières et théâtre masqué (talchum) moquent la cupidité des puissants, la lubricité des moines ou la morgue des lettrés. L’espace public devient scène, le rire—arme sociale.

En images : rites, masques, éventails & scènes populaires.

La musique comme colonne d’air : comprendre le mouvement

La danse coréenne se lit dans la respiration. Les cycles rythmiques (jangdan) dictent l’architecture du geste ; les instruments—daegeum, piri, haegeum, gayageum, geomungo, janggu, buk—colorent l’air de sigimsae. D’où ce style si caractéristique, « 정중동 » : le mouvement au cœur de l’immobile.

Orchestre de gugak et danse rituelle

Six repères pour « voir » la danse coréenne aujourd’hui

  1. Jongmyo Jerye & ilmu — liturgie chorégraphique confucéenne.
  2. Cheoyongmu — danse masquée apotropaïque devenue art.
  3. Talchum — théâtre-danse satirique en plein air.
  4. Ganggangsullae — ronde de femmes à la pleine lune.
  5. Seungmu — grand solo aux manches démesurées.
  6. Geommu & Buchaechum — sabres & éventails, emblèmes scéniques.
« 정중동 » : le mouvement dans l’immobile — respiration, retenue, vibration.

Conclusion

De la rigueur confucéenne à la verve satirique des masques, la danse traditionnelle coréenne compose un art de la mesure habitée : un miroir social et un instrument d’harmonie, où chaque pas réconcilie rituel et jeu, passé et scène, communauté et individu.

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